La ruse des deux cousins - 1

La Leï avait grandi dans nos montagnes.

Je tiens cette histoire d'un mien aïeul. Lui-même disait la tenir de Ze Kho, le cousin de La Leï.

Les deux enfants se réjouissaient d'avoir trouvé un compagnon de jeux.

Aussi la forêt retentissait du matin au soir du joyeux vacarme de leurs désarmantes bêtises.

Ils vivaient avec Tuu Mi, la mère de La Leï,

ainsi que Té Heh, sa soeur aînée.

Comme toutes les femmes en ce temps-là, Tuu Mi s'épuisait tout le jour en corvées,

sans cesse recommencées.

Il revenait à Té Heh de s'occuper des enfants.

Elle leur montrait la meilleure heure pour arroser, le bon geste pour ensemencer, ou comment pêcher en se défiant des appâts rances.

La Leï admirait sans réserve son aînée.

Ze Kho et La Leï aimaient s'asseoir avec Té Heh dans le Cercle de Pierres. Elle leur racontait les légendes que sa grand-mère, et avant elle la grand-mère de sa grand-mère, s'étaient transmises.

Mais les enfants restaient néanmoins de longues heures livrés à eux-mêmes.

Té Heh était adolescente. Elle voulait sortir et s'amuser. Mais Tuu Mi ne pouvait le lui accorder. Les disputes étaient fréquentes.

Ni trop, ni trop peu. Tels étaient les mots qui décrivaient leur vie. 

Un soir, deux hommes s'approchèrent. Le moustachu se nommait John, le blond Paul.

Ils souhaitaient planter leurs tentes dans le jardin.

Tuu Mi aurait mieux fait de les chasser.
Car ils apportaient avec eux malheur et désolation. 

John et Paul prêtèrent la main aux travaux quotidiens.

Ils divertissaient les enfants.
Té Heh leur en savait gré.

John apprit à La Leï le jeu de Pierre Feuilles Ciseaux. Bientôt l'élève dépassa le maître !  

Ils gagnèrent ainsi la confiance de la famille.