Leurre Pâleurs - Mûrir muer - 1

Aubeline, la mère de mon copain Olivier, m'attendait dans la salle d'eau.

"Alors Techet, te voilà déjà ? Monsieur le Maire exagère de me faire rester travailler si tard, mais quand il m'a dit que ce serait pour s'occuper de toi, je n'ai pas discuté. Tu vas voir comment je vais te bichonner, mon mignon !"

"Assieds-toi là, devant le miroir."

"Et ne fais pas cette tête-là, on dirait que tu viens de perdre un concours de grimaces contre la Faucheuse !"

"Me voilà ! Je préférais me changer avant de venir, pour ne pas risquer de mouiller ma robe de cérémonie !"

"Oh ! Il ne fallait pas vous déranger, Madame Sénège, j'aurais très bien pu en venir à bout à moi toute seule, vous savez, ce n'est pas un jouvenceau comme Techet qui va me faire peur !"

"Aaah ! Mais qu'est-ce que c'est que ça ? Ce lavabo est d'une saleté répugnante ! Mais à quoi pensez-vous ? Heureusement que..."

"Non mais dites donc, M'ame Sénège, c'est moi qui l'ai récuré, ce lavabo, et pas plus tard que tout à l'heure, alors sauf votre respect, ce n'est pas vous qui allez m'apprendre mon métier."

Leur dispute me desséchait, j'ai fermé les yeux, mais aussitôt, l'image de Nicole est venue m'envahir... Nicole, si je pouvais tout recommencer, revivre notre première rencontre...

	- Bonsoir, alors c'est toi le garçon que Clea a recueilli ? Tu t'appelles Techet, c'est bien ça ? Je peux t'aider ? - Euh... Oui ! Moi bonsoir troène ! Je éclore ici pas longtemps, racines à moi traîner dehors le terreau. C'est Clea dire moi "tu-dois-apprendre-à-te-dépatouiller-sans-moi !". Clea envoyer moi ici, magasin, pour moi récolter magazine. Etre corrects mots à moi chardons ? - Euh... Un magazine, oui, oui, c'est bien ça ! Le présentoir est là derrière, je vais te montrer, quel est le titre du magazine ?
	- Titre magazine... euh... Clea dire moi... euh... Tourbe ! Moi évaporé titre... Pfft ! - Bon, c'est pas grave, tu sais de quoi ça parle ? - ... - Voisims ? Croire l'incroyable ? Terre Live ? - Non, non, ça pas ça noisettes... Ah ! Dessus magazine fané spheigne, semaine dernière, être grand rideau comme feu. - Un grand rideau... Ah, du théâtre ! Ce doit être "Impact" alors !
	- Oui, "Impact", ça merci bouquet jonquilles ! Toi millepertuis bonsoir ! - Techet... Clea a peut-être oublié de te le dire, mais tu dois payer le magazine avant de sortir du magasin... - Oooh ! Moi vieille limace ! Voilà feuille 100 §, suffire ?
	- Hi hi ! C'est beaucoup trop ! Tiens, voilà ta monnaie. - Merci ! Merci pour aider. Sourire vous vivifiant beaucoup, pluie soir d'été. - On ne m'avait jamais dit ça comme ça ! J'espère que tu vas te plaire ici, tu verras, c'est un petit quartier, tout le monde se connaît ! Je m'appelle Nicole, tu crois que tu t'en souviendras ? - Oui, oui, Nicole... Nicole...

Nicole...

"Bon, c'est pas le tout, on cause, on cause, et l'ouvrage n'avance pas. Techet, mon garçon, à nous deux ! Je vais commencer par t'arrondir les oreilles et t'épaissir un peu le nez..."

"Et voilà ! regarde-toi dans la glace, Techet, dis-moi ce que tu en penses, tu te reconnais ?"

Ouf ! Jusque là, ça va ! Et Aubeline ne m'a pas fait mal, c'est déjà ça !

"Et maintenant, il faut changer la couleur de ta peau. Enlève ton polo, que je te tartine tout partout. Hé hé hé !"

Elle me fait un peu peur, Aubeline, elle me regarde comme si j'étais un gâteau dans une vitrine.

"Eh ! Mais tu sais que tu es plutôt bien bâti, mon garçon ! Je crois que tu m'inspires ! Ne t'inquiète pas, Techet, je plaisante, mais je ne te mangerai pas ! Quoique !

"Et voilà le travail ! Je ne me connaissais pas ces talents d'artiste ! Techet, tu seras mon premier et unique chef-d'œuvre !"

"Madame Sénège, je vous le confie !"

Ouh... Ca ne me plaît pas trop que Sénège vienne tallaider ma corolle, elle me noue, Sénège.

"Eh bien, Techet, maintenant qu'Aubeline s'est acquittée du gros œuvre, je vais m'occuper des finitions: une nouvelle couleur d'yeux, et avant tout, naturellement... une perruque !"

C'est quoi, une perruque ?

"Tu ne sais pas ce que c'est qu'une perruque ? Eh bien, ce sont des faux cheveux, voilà tout ! Et cela va te transformer !"

Des cheveux ? Oh non !

"Ah ! C'est tout de même autre chose ! Tu es déja méconnaissable ! Tu dois te sentir beaucoup plus beau comme ça, non ?"

Je ne dis rien, j'ai dit à Clea et aux autres que j'acceptais de me camoufler comme un caméléon, mais Sénège, elle ne comprend rien. Beau, pas beau, je ne sais pas. Mais ce n'est pas moi qu'elle voit. C'est une apparence. Ce reflet dans le miroir, c'est moi, et ce n'est pas moi. Et je tremble un peu.

"Dame Sénège ! Dame Aubeline ! En aurez-vous bientôt terminé ? Nous languissons !"

"Ah ça, maître Melric ! Laissez-nous œuvrer ! Croyez-vous que Sims City ait été bâtie en un jour ? Vous nous avez confié une tâche, souffrez que nous nous y appliquions !"

"Ah là, Madame Sénège, vous lui avez magistralement rabattu son caquet ! Je n'aurais pas mieux dit !"

"Alors, récapitulons...

Les oreilles, le nez, le menton, ça ira. La couleur de peau, c'est fait. Les yeux, les cheveux, les sourcils... Les sourcils ! Nous avons oublié les sourcils !"

"Voilà, c'est réparé ! Cette fois-ci, on ne pourra pas faire mieux ! Et il est tout propre, je le certifie."

"On ne peut pas le laisser se promener tout nu, quand même ! Faisons-lui essayer les vêtements, et il sera parfait, notre faux Techet ! Tu vas en faire, des ravages, mon mignon ! "