Comme un pépin sur l'océan - 1

G. - Moi, je m'assois sur Monsieur Popotin ! Parce que Monsieur Popotin, c'est mon copain !

I. - Techet, ne fais pas attention à cette fille, elle délire complètement, mais elle n'est pas dangereuse... enfin, j'espère ! Tiens, assieds-toi à côté de moi, et fais attention ! c'est le fauteuil de papa.

G. - T'en fais pas, si Artibal t'accuse de lui avoir usé SON fauteuil, je te protégerai !

I. - Bon, tu laisses Techet raconter son histoire !

T. - Ah oui, Gsugat parlait de notre destin...

	- Votre destin est ailleurs... Il est temps que Pfigome, mon petit bouton d'iris, se préoccupe d'elle-même. Son destin reste à construire, mais le tien semble tout tracé : je te le répète, tu es comme un pépin sur l'océan, toujours à la merci d'une vague trop forte, mais qui porte en lui la promesse de forêts nouvelles... - Ah bon ?
	- N'as-tu pas déjà planté, en ce lieu où tu vis, des racines vigoureuses ? - Tu veux dire, l'amour de Clea ? Nicole ? et tous mes copains d'ici ? - Oui, bien sûr, mais tu ne penses qu'à ton tronc ! Sans ton aventure, jamais à TunT2, nous n'aurions connu l'existence des Sims ! Leur monde aride, leur appétit démesuré, le Smustle, leurs drôles de maisons à ras de terre...
	- ... Beaucoup de nos explorateurs les plus inspirés ont fouillé, gratté toute leur vie dans de sombres terriers, sans gloire ni cueillette, et c'est à un petit arbrisseau comme toi, anonyme dans notre flore, que revient de vivre ce périple si étonnant ! Ici, tu sais, beaucoup t'envient. - Mais ils sont fous ! Si j'avais su, jamais je ne me serais arraché de TunT2 ! Dis-le leur ! C'est très dur ! C'est trop de souffrances ! Comment vivre en imaginant toutes ces nuits où mon père n'a pas trouvé le sommeil...
	- Oui, je te l'ai dit, ici aussi, ton absence nous a transpercés. Tous, nous avons voulu épauler ta famille. - Parfois même, je me dis que mon rempotage ici était plus facile à vivre avant de réussir à contacter TunT2. Et quand je pense ça, mes pétales se rident un peu plus, je me sens encore plus mal.
	- Techet, tu frôles la pensée que je voulais t'envoyer : on ne peut pas vivre sans devoir affronter... la vie ! Ici ou là-bas, qu'importe ! Ne te lamente plus de tes erreurs, passées ou à venir, mais nourris-toi d'elles. Ton destin est soliflore, unique, tu ne l'as pas vraiment choisi, mais accepte-le ! - ...
	- Va ton chemin, petit pépin, va ton chemin...

T. - Et voilà, c'est là que la klox s'est arrêtée.

I. - C'est trop beau ce qu'il a dit : "Comme un pépin sur l'océan" !

G. - Oui, comme s'il n'y avait rien de plus fragile, et de plus fort à la fois.

I. - Mais, ce Gsugat, en te disant "Va ton chemin", il ne te conseille quand même pas d'oublier TunT2 ?

T. - Non, bien sûr... "Va ton chemin", chez nous, c'est la phrase que les adultes disent aux jeunes pousses pour les encourager, quand elles partent pour leur Trace-Départ.

G. - Ton ami Badjis aussi, tu disais qu'il est parti pour son Trace-Départ, mais c'est quoi au juste ?

T. - Ah ! Le Trace-Départ ! Euh... Quand un arbrisseau devient arbuste, il doit quitter sa forêt de naissance, partir apprendre en d'autres lieux, reconnaître d'autres semailles, se nourrir d'autres engrais, tout en traçant un nouveau chemin que les autres arbrisseaux pourront à leur tour emprunter pour essaimer plus loin encore...
Badjis, lui, tel que je le connais, il a dû se perdre quelque part entre son lit et sa klox !
Voilà... Partir, tracer... c'est ça, le Trace-Départ !

I. - C'est un peu comme l'université, quoi !

G. - Il a raison, ton "pro-penseur", l'avenir, il faut le regarder droit devant !

I. - Mais je te trouve dur avec ton copain Badjis, ça m'étonne de toi !

T. - Ce qui m'étonne, moi, c'est que je ne lui en veux plus du tout ! Et c'est grâce à vous deux ! Je ne pensais pas que ça me ferait autant de bien de vous raconter tout ça, mes sillons sont plus droits, mon ciel est plus clair.

I. - Tu sais, Techet, on ne te le dit pas tous les jours, peut-être parce que ça nous semble évident ? mais on est tous hyper contents que tu vives ici, et que tu sois l'un d'entre nous. Ta planète, tes amis de là-bas... c'est vraiment super de te connaître !
Oh ! On a sonné, je vais voir qui c'est.